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Nritya Ganga
jeudi 27 octobre 2016, par
Ganga, le Gange, fleuve sacré vénéré par tous les hindous, symbolise l’union de l’Inde et aussi le flot de la tradition qui se nourrit du passé et avance, grandit vers de nouvelles réalisations. Nritya Ganga désigne un style inédit, œuvre de Dr Sucheta Chapekar, qui marie la danse du sud de l’Inde Bharata-Natyam avec la musique classique hindoustani, traditionnellement associée au nord de l’Inde, lui donnant ainsi une couleur différente.
Cette création prend sa source dans l’œuvre de rois originaires du Maharastra, qui régnèrent à Tanjore, un des foyers les plus riches de la musique classique carnatique et de la danse Bharata-Natyam. Ces rois mécènes et artistes eux-mêmes, ont écrit dans leur langue maternelle des poèmes, des chants, des pièces de théâtre destinés à la musique et à la danse.
Sucheta est originaire de Bombay et vit à Pune, au cœur du Maharastra. A la suite de son maître, Parvati Kumar, elle a étudié longuement ces œuvres et s’est livrée à des recherches universitaires.
Son initiative d’un nouveau style est partie de la langue marathi qui parle directement à ses compatriotes, alors que les langues dravidiennes leur sont aussi étrangères souvent qu’à un occidental. Cette langue s’harmonise parfaitement à la musique hindoustani plus largement écoutée au Maharastra et servie à Pune par des musiciens de talent. Ainsi Nritya Ganga est né d’abord du chant et de la poésie. Ensuite, Sucheta a inventé un nouveau langage pour la danse pure et l’expression des adavus (unités chorégraphiques), avec le packwaj, grand tambour de la famille du mridangam, au son grave et profond, joué avec la musique hindoustani. La nature du son frappé doux ou fort, fermé (sec) ou ouvert (avec une résonance), ainsi que les syllabes qui lui sont associées, décrivent le jeu des pas comme le font les cymbales (khunjunis ou talams) jouées par le maître dans la musique carnatique.
La rondeur, la fluidité des formes et la fantaisie propres à Sucheta s’associent merveilleusement à cette musique lyrique, qui appelle la liberté de l’improvisation à l’intérieur de règles savantes.
Sucheta m’a d’abord transmis dans ce style un récital : A la Déesse. Au fil des années, ce répertoire s’est considérablement enrichi.
A Grenoble, j’ai bénéficié de la présence du musicien Lav Sharma, aussi professeur de yoga, qui m’a accompagnée au packwaj et au chant pour les mantras et chants dévotionnels. Par ailleurs, les musiques sont enregistrées en studio en Inde, avec les musiciens, à l’issue des créations chorégraphiques. L’orchestre se compose de la tampura, de la voix, du tambour packwaj, de la flûte du nord, du sarangi ou du violon pour les cordes.